En grande difficulté à cause d'une chute de 60% de ses ventes cette année, le premier constructeur automobile russe quémande désespérément l'aide de l'Etat et de ses actionnaires. Mais Renault, qui détient 25% du capital d'AvtoVAZ, hésite beaucoup à engager des capitaux supplémentaires en dépit des injonctions du Kremlin.
AvtoVAZ a besoin d'1,5 milliard d'euros pour survivre et l'Etat russe ne veut plus supporter le fardeau seul. Début octobre, le premier ministre Poutine a mis Renault au pied du mur en lui demandant d'injecter 406 millions d'euros, faute de quoi sa part des actions d'AvtoVAZ serait ramenée à 6%. Un mois plus tard, la tactique changeait radicalement. Le vice-premier ministre Chouvalov invitait le constructeur français à monter au capital...
Pressé de toutes parts, Renault campe sur ses positions: contribution à la restructuration d'AvtoVAZ par des apports de technologie, d'équipements, de savoir-faire et de plateformes, mais pas de nouvel apport de capitaux.
La marque au losange avait acquis une minorité de blocage dґAvtoVAZ en février 2008 pour 1 milliard de dollars. AvtoVAZ reste la plus grande entreprise russe, qui vend chaque année plus de 300.000 voitures et représente 1% du P.I.B. russe.
Des dettes pour attirer les investisseurs
La dette dґAvtoVAZ représente près de 37 milliards de roubles (850 millions dґeuros). Le 19 octobre, la direction dґAvtoVAZ a annoncé quґelle nґexcluait pas une mise en faillite sans arrêt de la production. Mais 100.000 personnes travaillent chez AvtoVAZ, soit un sixième des habitants de la ville de Togliatti où l'automobile fait aussi vivre, indirectement, le reste de la population. La fermeture de l'usine entraînerait une catastrophe sociale dont le spectre fait trembler le Kremlin. Pas question, donc, d'abandonner le « Detroit russe » (Le Kremlin envisageait au départ de faire appel aux plus grandes banques dґEtat).
AvtoVAZ a besoin dґargent non seulement pour rembourser ses dettes, mais aussi pour réaliser un programme dґinvestissement de 965 millions dґeuros. Ce programme prévoit en 2012 la mise en production de cinq nouveaux modèles assemblés sur une plateforme Renault, qui investit à cet effet 240 millions dґeuros. Deux de ces nouveaux modèles seront commercialisés sous la marque Lada, deux autres sous Renault, et le dernier sous Nissan.
Renault: dernière chance pour AvtoVAZ?
La question se pose dґelle-même: AvtoVAZ survivra-t-elle? La firme russe traverse une crise beaucoup plus profonde que les autres constructeurs mondiaux. Et si les autorités nґavaient pas imposé de taxes à lґimportation de véhicules dґoccasion en provenance des marchés européens et asiatiques, les Lada auraient depuis longtemps disparu.
Une longue série de défis pour le constructeur français
Lґentreprise Renault produit en Russie sa Logan (vendue en France sous la marque Dacia) depuis 2005 dans son usine moscovite Avtoframos. En inondant le marché de petites cylindrées, Renault a commencé à être associé, dans lґesprit du consommateur russe, à une automobile bon marché. Ce qui rend plus difficile le positionnement sur le marché local de modèles plus haut de gamme de la marque française.
En Russie, le segment des voitures dґentrée de gamme est à lґheure actuelle déjà bien fourni: les Logan et les Lada (principale marque de voitures dґAvtoVAZ) le partagent avec les Daewoo, Chevrolet et autres Hyundai, ainsi quґavec les produits dґune industrie automobile chinoise en plein essor.
Un marché russe malgré tout prometteur
La clé des problèmes dґAvtoVAZ pourrait reposer sur trois axes d'action: la localisation de la production et la création dґune base de fournisseurs, lґintroduction de nouvelles technologies dans la production, et leur gestion en utilisant les compétences françaises. Jacques Sapir soutient ce point de vue, en supposant que Renault compte, en Russie, non seulement produire des véhicules, « mais encore, très probablement, fournir des pièces de rechange et des moteurs, en particulier, pour les automobiles dґAvtoVAZ. Cette opération permettra à Renault dґaugmenter ses volumes de production et de diminuer ses coûts », assure lґexpert.
Avtoframos
Co-entreprise entre Renault et la mairie de Moscou (93% contre 7%) fondée en 1998. La production des Renault Logan a démarré depuis avril 2005 dans l'usine de Moscou. Renault y a déjà investi 250 millions de dollars et a créé 2.300 emplois.
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